Aprés avoir travaillé et creusé sur l'île, j'ai déterré les cônes de plâtre afin de les ramener sur la berge. Ils sont désormais, au sein du musée, la face visible de cette expédition. Je n'ai autorisé personne à faire partie de ce voyage. Le film qui a été tourné n'a été filmé que depuis la berge, afin de ne pas violer les forces ici à l'oeuvre. Seuls quelques instantanés, pris par moi-même depuis la barque, auront droit de citer.
J'ai choisi de présenter le travail dans le sous-sol du musée, à l'endroit même où la recherche avait commencé.
Sorte de concrétion souterraine : la forme se modèle, et présente avec une extraordinaire précision l'existence ambigüe de ce territoire, réel et symbolique. C'est la cartographie d'un espace en épaisseur, tout autant dans l'esprit qu'en dehors de nous-même. Cela produit des objets-ombres, des objets-noirs, extraits d'un territoire poétique où ils se dressent dans une forme d'existence paradoxale.
Ce sont des formes-espace, qui représentent tout autant qu'elles sont.
La fine pellicule de sable prise dans le plâtre lors du séchage les maintient dans une obscurité qui les protège de notre regard et les rend insaisissables. Ni ici, ni là-bas, ils ne font qu'évoluer dans une zone obscure et perdue.