Lexique de l'exposition « Refuge »


par David Clerc



Refuge : idée selon laquelle la peinture peut-être un lieu, un endroit en soi-même où l’on tente d’aller, de se tenir l’espace d’un instant. Fixé dans les matières mêlées du papier et de l’encre. Un lieu, une construction mentale, qui se trouve sur le cheminement de l’expérience picturale, à un moment pris dans les matières mêlées de l’encre et du papier, là où l’instant devient comme une éternité.



Résurgence : paysage observé, éprouvé, puis oublié, transformé, qui revient transfiguré. Lorsque l’oubli du sujet se fait, il laisse place à une vacuité interne où prend racine, dans l’altération de la vision première, l’élan créateur de la peinture en devenir. Dans les poussières de papiers qui se désagrègent, se réinvente une matière, elle s’organise par le geste de la main sous l’impulsion des retours, non du sujet vu et observé, mais des profondeurs de l’intime, ressac de l’être, du vécu, énergie souterraine qui se cristallise, se fige.



Encre : encre de Chine, encre à huile, encre à imprimer qui révèle les bois gravés. Les huiles calcinées qui créent le noir de fumée. Le noir nuit à la blancheur de la feuille de papier. Le noir de l’encre comme des tâches indélébiles, des salissures.

Profondeur, ombres sur ombres, la nuit qui se consume devient lumière. Aveugle dans le noir, aveuglé par la lumière, à tâtons chercher un chemin.


Façade : Qu’est ce qui se trouve derrière ? Au travers, emmuré. Organisation de lignes sur un plan. Extérieur de l’atelier. Dessiner, se confronter à une façade pour en quelques sortes aller de l’extérieur vers l’intérieur, comme une respiration.



Urbain : Lieu et paysage que j’habite. Mes yeux, mon corps vivent et se déplacent dans ce monde urbain, je me projette dans ce paysage. J’observe la rigueur des lignes qui organisent une façade, les masses d’ombre ou de lumière et essaie d’entendre l’écho qu’elles produisent en moi.



Géométrique : Ligne horizontale, ligne verticale, apparition d’un damier. Essence d’une façade. Ligne droite appuyée, forte, tremblée, à main levée, à la règle, papier effleuré. Simplicité et rigueur de l’art cistercien qui accompagnent vers le cheminement intérieur.

Simulacre d’équilibre sur lequel je m’appuie, pour le détruire, le reconstruire. Composition qui devient parfois bancale, à la limite de s’écrouler.



Effacement : enlever de la matière, gratter, poncer, effacer le sujet, couche après couche. Le temps efface le souvenir trop présent du sujet, il s’estompe dans la mémoire. Effacer pour faire apparaître. Voir au travers, cette sorte d’apparition fugace, que l’on tente de saisir et de fixer sur le papier.

En effaçant la façade j’aperçois ce refuge, là-bas, vers lequel, dans le travail de la peinture, je tente d’aller


David Clerc



voir le travail de David Clerc dans le numéro 9 de LT


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